QUI ES TU CEDRIC ?

Cédric Abellon, 32 ans, est le lanceur officiel du Pilou-pilou au stade Mayol. Drôle de privilège, diront les néophytes qui ne voient en l'hymne du RCT qu'une expression du folklore. Suprême honneur pour tous ceux qui vouent un culte au rugby toulonnais.

Alors pourquoi, comment en est-il arrivé là ? « Par hasard, avoue-t-il. J'ai remplacé le titulaire au micro, un soir de Challenge européen, il y a deux ans et demi. Les Fadas (qui ont réintroduit le Pilou-pilou au stade Mayol il y a dix ans, Ndlr) ont pensé à moi parce que j'avais déjà lancé un Pilou-pilou après un tournoi à Porquerolles. »

Ceci expliquant cela, Cédric joue à l'occasion demi de mêlée dans le XV des Fadas. « On joue pour le plaisir, sans se prendre la tête, contre les Hippocrampes de Six-Fours, les Z'Acrau, le Brin de muguet, les KBeausset ou les Vieilles de Saint-Mandrier. » Une conversion ovale sur le tard.

Enfant de la balle pas fait pour l'école

« Quand j'étais gamin, dès l'âge de 5-6 ans, mon père m'emmenait à quasiment tous les matchs du RCT. C'était un ancien footeux de La Beaucaire et moi aussi, pour la pratique, je préférais le football. Mais plus tard, à l'adolescence, j'ai été complètement écoeuré par la mentalité du foot. »

Enfant de la balle, Cédric n'est guère fait pour l'école. Il en sourit aujourd'hui, mais ses profs l'avaient compris dès le collège Font de Fillol, Henri-Wallon ou à La Grande Tourrache. Une chance, sur les bancs du collège déjà, le jeune homme développe une attirance pour le tatouage. Il exercera son art sur ses proches, sa mère, sa soeur, cousins et cousines. « Même ma grand-mère, qui approche les 70 ans, voudrait que je lui fasse les sourcils en maquillage permanent... »

Cédric s'est lui-même tatoué un dragon sur le torse, des plumes et des gants pour symboliser la légèreté de la boxe thaïe qu'il a pratiquée, du lierre grimpant et des tatouages tribaux. Sa dernière oeuvre : un blason du RCT qu'il a retravaillé sur calque avant de se l'exécuter au mollet. « Le muguet m'est très demandé, surtout depuis que les gens savent que je lance le Pilou-pilou à Mayol. »

« J'ai acquis la technique du tatouage tout seul, mais j'ai dû suivre des stages de perfectionnement à Lyon, Aix, et m'entraîner sur des fausses peaux avant d'exercer », confesse-t-il.

Il ouvre un salon de tatouage au Mourillon

Connu jusqu'alors sous le pseudo Tatouage83, Cédric Abellon vient d'ouvrir son propre salon au Mourillon (1) ; entièrement décoré en rouge et noir, il diffuse le DVD du centenaire du RCT en continu. Ambiance assurée. « Il y a une forte concurrence à Toulon, mais chaque tatoueur a son style. C'est la qualité du dessin et le bouche-à-oreille qui font la différence. Le Pilou-pilou me sert forcément. »

Fier, assurément, « parce que pour un Toulonnais, c'est mieux de lancer le Pilou-pilou à Mayol que de chanter au Stade de France », Cédric se souvient d'avoir poussé le terrible cri de guerre, les yeux dans les yeux avec un demi de mêlée adverse. « Normalement, en entendant le Pilou-pilou, l'équipe qui vient à Mayol sait qu'elle va prendre la foudre. »